La période d’été voit se libérer de nombreux logements, notamment par les étudiants. C’est aussi la période où des candidats cherchent à se loger et font le tour des sites de petites annonces, des agences immobilières et parfois des bailleurs sociaux. Nous sommes très sollicités par des personnes en difficultés pour se loger compte tenu des conditions d’accès et des loyers.
En effet, force est de constater que se loger dans Nancy et l’agglomération peut parfois se révéler être une réelle galère tant les conditions d’accès au logement privé sont de plus en plus drastiques. Nous l’avions déjà repéré en 2021 et 2022. L’année 2023 confirme la tendance : sans disposer d’à minimum 3 fois le montant du loyer en salaire, votre dossier n’a aucune chance de passer.
Vous et votre garant : à poil
Pire, pour obtenir une simple adresse ou localisation d’un bien à louer, tenu secret (au cas où vous souhaiteriez faire une visite de nuit), il faut « déposer en ligne des pièces justificatives » qui tendent à vous mettre à poil : ressources, impôts, contrat de travail, pièce d’identité,…et idem pour votre garant. Le tout sans que vous soit clairement exposé le devenir de vos informations personnelles à part vous indiquer que vous devez cocher « j’accepte que mes données soient transmises à des partenaires« . De quoi faire une belle sélection d’entrée et décourager ceux qui souhaitent s’installer.
Quant au montant des loyers ? On le savait déjà, plus le logement est petit, plus le loyer au m² est cher. Mais pas que ! Les prix sont sans limite, la seule régulation étant celle du porte-monnaie des candidats.
Entre 10€ et 16€ le m²
Des exemples ? Allons-y ! Un logement F2 de 43 m² à Nancy centre, non meublé, dans un état correct avec une cuisine équipée pour…. 515€ soit 11,97€ le m². Un F3 de 55 m² à Vandoeuvre, non meublé, loin des commerces mais avec un balcon pour …. 700€ par mois soit près de 12,72€/m². Vous avez aussi le choix avec un charmant F2 de 56 m² au 1er étage à 550€ (soit 9,56€ /m²) mais auquel il faut ajouter 210€ de charges (oui, oui 210€, chauffage et parking compris). Et franchement, il n’a rien de folichon cet appartement au sol plastique usagé. Un dernier : F3 de 49 m² lumineux avec douche italienne et chauffage gaz, état neuf à 800€ (hors charges) soit 16,32€ le m².
Alors certes, il existe des logements moins chers… mais dans quel état !! La vétusté porte parfois bien son nom et les normes de décence sont le cadet des soucis de certains loueurs (électricité hors normes, sols dégradés, papiers peints de 20 ans d’âge, WC avec la tête dans la douche, convecteurs grille-pain à tout va, isolation zéro etc...). De rares exceptions sortent du lot mais il faut, là aussi, un sacré dossier et jouer des coudes avec la concurrence.
La nouvelle manne de la coloc : 18€ le m²
Par contre les offres de chambres à louer en colocation pullulent et mises en ligne par des professionnels du capitalisme immobilier : en moyenne 320€ la chambre de 17m² équipée avec wifi (soit +18€ le m²) mais l’annonce est toujours trompeuse. Voyez donc : « Location 160 m², en plein de coeur de ville et proche des commerces, avec tout le confort, 3 salles de bains, meublé en totalité avec les dernières tendance, pour 320€ !! » – L’arnaque ? Il s’agit d’une chambre meublée dans un F4 à partager à 4 ou 6 personnes selon le nombre de personnes en chambre. Et niveau déco, bienvenu dans le « show room » des enseignes de meubles (enfin les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas :). On se croirait presque sur la Riviera montpellieraine avec des immeubles « new look » réservés aux plus fortunés.
Les bailleurs sociaux ne sont pas en reste sur des pratiques pour le moins … déroutantes : vous trouverez régulièrement sur les sites en lignes d’annonces (type @leboncoin) des annonces de logements à des loyers tout à fait abordables et en bon état. Mais lorsque vous appelez le numéro ou l’agence, ce logement n’existe pas.. ou plus… ou a déjà été attribué…
On vous ausculte ?
Que se passe-t-il ? Où va le marché locatif grand-nancéien ? Que veulent certains propriétaires privés en louant si cher et en priorisant les hauts revenus ? Pourquoi certaines agences immobilières (la liste s’allonge) passent à la moulinette de l’exclusion locative, ceux qui pourraient être des locataires exemplaires.
Pourquoi ces mêmes agences passent par le filtre de sociétés spécialisées externalisées, l’analyse « du risque financier » alors que dans le même temps des députés votent la loi « Kasbarian » accélérant les procédures en cas d’impayés de loyers ? Sans oublier que nombre de propriétaires privés augmentent les loyers en ajoutant, de manière déguisée, le coût de leur propre assurance contre les impayés de loyers.
Ouvrons les possibles
Quid des personnes mal-logées qui tentent de trouver une solution plus acceptable ? Sont-elles assignées à résidence, et ce d’autant plus si elles sont bénéficiaires de minimas sociaux ?
La situation actuelle du marché locatif ne dit pas son nom mais elle exclue toujours et encore. Ouvrons les possibles pour tendre vers plus de confiance, de justice et de propositions nouvelles. Contactez nous et organisons le débat et surtout des expérimentations concrètes.